C’est une phase de cette Guerre d’Algérie qui a été longtemps considérée comme une "victoire militaire" contre le FLN par l’armée française. Ce fut une défaite politique.
En février 1957, cela faisait un an que le Gouvernement Guy Mollet était en place, fort des pouvoirs spéciaux qui avaient été votés par une écrasante majorité de députés.
Les élections de janvier 1956, avaient en effet donné une très confortable majorité de gauche : SFIO + PCF sur la base de réaliser la paix en Algérie. Toute la gauche, à de très rares abstentions près avait décidé de confier tous les pouvoirs à l’Armée pour "mener à bien la pacification de l’Algérie".
Des procès sont intentés en Métropole contre ceux qui soutiennent le refus des rappelés à partir en AFN.
A l’ONU, où le FLN a voulu internationaliser le conflit, le ministre d’alors Christian Pineau, annonce la couleur : "Jamais nous n’accepterons la compétence de l’ONU", la France considérant qu’il s’agit d’une question intérieure de l’Etat.
A Alger une grève générale est lancée par le FLN dès le 28 janvier, très suivie surtout par les commerçants. Si l’armée de Massu, en défonçant les grilles des boutiques, a réussi une reprise forcée du travail, elle n’est pas parvenue à casser la profondeur du mouvement. Après cette grève qui avait marqué en même temps une certaine trêve des attentats dans la ville d’Alger, l’activité des "terroristes" reprend de plus belle.
Massu va donc se lancer, avec ses paras, dans le "nettoyage" de la Casbah, à l’assaut des caches et des repères des "fellaghas". Par centaines, des "suspects" seront "ramassés" et "interrogés" par les paras du 3ème RPC qui disposent d’une "section spéciale" à la Villa Susini (où sévit le Lieutenant Jean-Marie Le PEN) et du 1er REP (la Légion) commandé par le Lieutenant-Colonel Jeanpierre qui "livre" les algériens arrêtés aux mains des Aussaresses, Erulin et autres tortionnaires dont il coordonne les "interrogatoires".
Les renseignements arrachés par la torture (la "gégène" en particulier) vont permettre aux hommes de Bigeard d’arrêter Larbi Ben M’Hidi, un des chefs historiques de la révolution du 1er novembre 54. Puis Yacef Saadi, responsable de la Zone Autonome d’Alger (ZAA) sera aussi arrêté, ainsi que Henri Alleg, Maurice Audin, dans cette même période.
Le Commandant (devenu Général ensuite) Aussaresses ("Commandant O" dans le livre de Yves Courrière) se distinguera tout particulièrement et consignera dans son livre "Services Spéciaux" ses "exploits" avec toutes les exécutions qu’il décidera seul en son "âme" et conscience sans autre jugement. Il n’a toujours aucun regrets, et referait la même chose, si c’était à refaire dit-il.
Certes tout l’état major du FLN à Alger va être démantelé, c’est pourquoi, comme l’affirme le Général Schmitt dans "Alger - Eté 1957" la "Bataille d’Alger" était gagnée. Si cela avait été vrai, pourquoi le cessez-le-feu n’est-il signé qu’en 1962, 5 ans plus tard ? Ce n’est pas la seule erreur dans ce livre comme l’ont relevé un certain nombre de spécialistes, d’autres affirmations péremptoires sont également fausses. En fait, cette phrase du "Chant des Partisans" : "Quand tu tombes, un ami sort de l’ombre..." s’est, là aussi, vue confirmée. Les brutalités, la torture pratiquée systématiquement, les exécutions sommaires, ont permis au peuple algérien de "recruter" de nouveaux combattants.
Adresse aux candidats aux élections présidentielles et législatives française (...)
Maurice Audin a été arrêté dans la nuit du 11 au 12 juin 1957, cela fait 60 (...)