Henri POUILLOT
Guerre d’Algérie, Colonialisme...
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Paris le 29 juillet 2013, 2 victimes, symboliques, de la Guerre d’Algérie disparaissent : Henri Alleg, Micheline Renard
Article mis en ligne le 30 juillet 2013
dernière modification le 5 décembre 2013

par Henri POUILLOT
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A 8 h 45 c’était les obsèques de Micheline Renard (maman de Delphine) au Funérarium du Père Lachaise, à 10h30 c’était celles de Henri ALLEG au Crématorium du Père Lachaise. Quelle coïncidence !!! Il est difficile de ne pas associer dans un même hommage ces 2 familles qui resteront à jamais 2 symboles tragiques, 2 familles qui ont été profondément traumatisées, meurtries par cette sale guerre.

La famille RENARD, restera un symbole dramatique de cette guerre. Ce cataclysme qui la frappa eu un retentissement considérable du fait de l’horreur de l’attentat perpétré par l’OAS (Organisation Armée Secrète), cette organisation terroriste, criminelle, raciste.. . Alors que c’était le ministre de De Gaulle, André Malraux qui était visé, c’est Delphine qui sera très grièvement atteinte. La photographie de la Gamine de 4 ans alors, parue alors dès le lendemain dans toute la presse nationale, bouleversa l’opinion publique. Une importante manifestation fut organisée aussitôt, en riposte, pour condamner cet attentat pour dire "’OAS - Assassins", "Paix en Algérie". Une répression sauvage de la police commandée par le sinistre Maurice Papon, fit 9 morts(un décédant plus d’un mois après de ces blessures) et des centaines de blessés, au Métro Charonne le 8 février 1962. Leurs obsèques qui se déroulèrent le samedi 13 février suivant furent suivies par des centaines de milliers de personnes exigeant la paix en Algérie, immédiatement.

Un peu plus d’un mois plus tard, c’était enfin le cessez-le feu du 19 mars qui allait mettre fin à cette Guerre d’Algérie.

Delphine, et toute sa famille, ont donc payé un très lourd tribut à cette Guerre. Cela fait 51 ans de souffrances.

Delphine, et toute sa famille ont tant souffert de cette guerre, depuis 51 ans, elles en souffrent encore. Il a fallu que les nostalgiques de l’OAS, avec le soutien de la droite, honorent publiquement les principaux assassins de cette organisation criminelle pour que Delphine sorte de son silence pour dire assez !!! Elle qui espérait toujours se reconstruire à l’abri des médias. Son courage impose un immense respect.

Henri ALLEG, ce militant anticolonialiste Dès son arrivée en Algérie, il va s’engager avec un idéal qu’il defendra toute sa vie. Idéal de paix, d’égalité et de fraternité entre les hommes… C’est donc naturellement qu’il s’engagea au PCA (Parti Communiste Algérien), pour apporter sa contribution dans le changement vers un monde meilleurs, plus humain, et donc tout naturellement condamnant le colonialisme. Comme directeur d’Alger Républicain, il mit toute son énergie de journaliste pour soutenir la juste cause de l’indépendance de l’Algérie. C’est pour cette raison qu’il sera arrêté et atrocement torturé par les parachutistes de l’Armée Française en 1957. Son témoignage, sorti clandestinement de la prison, édité dans le livre "La Question", livre saisi, interdit, diffusé cependant en version clandestine à des dizaines de milliers d’exemplaires aura un impact considérable dans l’opinion publique pour la dénonciation de la torture organisée comme une institution par ’Armée Française, avec la caution politique de l’époque.
Toute sa vie, ce militant, il va la consacrer à la dénonciation de la torture, à la lutte contre le colonialisme, y compris sous son adaptation actuelle. Henri ALLEG était l’une de ces personnalités ayant signé "L’Appel des 12" (12 personnalités ayant marqué la lutte contre la Guerre d’Algérie dont plus de la moitié sont maintenant disparues) le 31 octobre 2000 pour demander à ce que la France reconnaisse enfin sa responsabilité et condamne la pratique de la torture faite en son nom pendant la Guerre d’Algérie. Ni le Président Chirac, ni le Premier Ministre Jospin n’y ont répondu, et depuis cela reste le silence étourdissant à ce sujet.
C’est pourquoi ces 2 disparitions simultanées nous ramènent à cette exigence que les plus hautes autorités de l’état reconnaissent et condamnent enfin les crimes d’état perpétrés à Paris (17 octobre 61 à Saint Michel, 8 février à Charonne), les crimes contre l’Humanité (torture, viols, villages rasés au napalm, crevettes Bigeard, camps d’internement…) commis au nom de la France. Il semble bien que le Président Hollande reste sourd à cette exigence, se contentant d’expressions sibyllines qui ne sont pas à la hauteur des exigences d’un pays revendiquant être un exemple pour les droits de l’Homme. Son voyage en Algérie de décembre dernier, qui aurait pu être une occasion, est resté décevant. Les gages aux nostalgiques de l’Algérie Française, l’hommage officiel rendu au Général Bigeard Général Bigeard vont au contraire des engagement pris selon le slogan "Le changement, c’est maintenant". Combien de temps faudra-t-il encore attendre, combien faudra-t-il de disparitions des ces victimes pour qu’enfin un geste significatif soit réalisé.

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