Josette Audin vient de nous quitter à 87 ans, pendant ce week-end du 2 février 2019
Chère Josette, ce départ est, restera, pour moi une profonde douleur.
Pendant 61 ans, Josette tu t’es battue pour connaître la vérité sur l’assassinat de ton mari et pour savoir ce que son corps était devenu. Maurice avait été arrêté le 11 juin 1957, pendant la bataille d’Alger par des parachutistes français. Il ne réapparaîtra pas : une odieuse version officielle, jusqu’en 2014, déclarait qu’il s’était évadé, farce que personne ne pouvait sérieusement croire.
Maurice et toi, militants engagés contre le colonialisme et le racisme, membres du Parti Communiste algérien, vous avez soutenu la lutte d’indépendance d’Algérie. Maurice, "pied noir", étudiant, assistant de la Faculté d’Alger devait présenter sa thèse en mathématiques quelques mois plus tard.
Pendant 61 ans, tu as multiplié les démarches judiciaires et politiques (vers tous les Présidents de la République) pour que la torture pratiquée alors soit reconnue comme "crime contre l’humanité".
ENFIN, le 13 septembre 2018, Emmanuel Macron, es-qualité de Président de la République, reconnaissait que la France avait institutionnalisé le système de torture et il condamnait cette pratique. Il confirmait la torture et l’assassinat de Maurice Audin par les militaires.
ENFIN, ce combat de toute ta vie obtenait une victoire, même si les circonstances exactes de ce meurtre de Maurice, ce qu’était devenu son corps n’étaient toujours pas connus.
Malgré ta fatigue, tu avais tenu à venir à la fête de l’Humanité le lendemain, le 14 septembre pour partager avec les tiens cette formidable victoire politique.
Puis tu étais encore au tout premier rang le 12 décembre dernier lors de la remise du prix de mathématiques "Maurice Audin". Tu voulais que les milliers d’autres disparus d’Algérie, ne soient pas oubliés.
Engagé depuis des dizaines d’années dans ce combat contre la torture, comme toi, je le continuerai tant que je le pourrai, pour que la France reconnaisse et condamne les crimes (d’état, de guerre, contre l’humnité) commis en son nom, et redevienne un pays pouvant revendiquer être celui des droits de l’homme.
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