Cette année cette manifestation s’ouvrira avec un hommage à Gilberte et Henri Alleg. ce sont 2 figures qui auront marqué la lutte anticoloniale par leurs actions menées tout au long de leur vie.
Nous devons donc poursuivre ce combat qu’il a mené pendant tant d’années. Il n’est pas possible, alors que dans quelque mois on assistera au 60ème anniversaire du déclenchement de cette Guerre de libération que la France ne reconnaisse pas, ne condamne pas les crimes commis en son nom. On avait pu avoir quelques espoirs avec la Campagne "la Changement c’est maintenant". Mais les illusions sont perdues. Le Candidat Hollande signait une pétition demandant que les plus hautes autorités reconnaissent et condamnent le crime d’état qu’est le 17 octobre 1961. Le Président Hollande est devenu amnésique. Dans son voyage, il y a un an en Algérie, il a "oublié" de reconnaitre et de condamner les crimes contre l’humanité et les crimes d’état que sont le colonialisme, le 17 octobre 1961, le 8 février 1962 à Charonne, les tortures, les viols, les corvées de bois, les crevettes Bigeard, les villages rasés au napalm, l’utilisation des gaz (Sarin et Vx) les essais nucléaires à Régane… Même le recueillement Place Maurice Audin n’avait été rajouté sur son programme officiel que la veille du départ et à cette occasion il n’a pas été question de condamnation de cette institution de la torture qu’avait mis en place l’Etat français en Algérie. Sur ce sujet le sarkozisme continue. Le conseiller militaire de l’Elysée trouve normal qu’une stèle érigée sous la responsabilité de Morin, il y a 4 ans, trône dans la caserne de Pau, là ou l’on forme les jeunes recrues parachutistes. Cette stèle honore un colonel, putschiste, condamné à mort par contumace pour son activité OAS. Il faut dire que ce conseiller est le même que sous Sarkozy. Nous n’oublions pas le scandale de l’honneur rendu à Bigeard et ses crevettes par un ministre de la République. Nous n’oublions pas non plus que des courriers ont été envoyés de l’Elysée à des organisations pro-OAS pour leur dire qu’ils n’ont pas à s’inquiéter parce que, certes le 19 mars est devenue la date officielle pour commémorer la fin de la Guerre d’Algérie, mais qu’il n’était pas question d’abroger le 5 décembre où ils pourraient continuer de se retrouver.
Rien que sur la question algérienne, la 9ème édition de la semaine anticoloniale à elle seule aurait ses raisons de poursuivre sa réflexion, ses actions, et de faire réagir la société française pour contester une politique qui reste très imprégnée par l’idée coloniale. La Françafrique, certains disent même maintenant la Françoisafrique, continue de plus belle. Le tapis rouge a été déroulé à l’Elysée pour tous les dictateurs africains, sans exception, le premier étant évidemment Bongo. Les interventions au Mali ou en Centrafrique sont dans cette continuité. Depuis les indépendances la France est intervenue militairement en Afrique plus de 50 fois (53 ou 55) en gros une fois par an sur ce continent. Avec le franc CFA, contrôlé par les banques françaises omniprésentes dans ces pays, l’économie est dépendante du bon vouloir français. C’est pourquoi il avait été dévalué, sans l’avis, bien évidemment, des intéressés de 50% le 11 janvier 1994, créant ainsi une catastrophe économique, sociale, sans compter que les dettes plusieurs remboursées continuent de courir. Le système Focard mis en place par De Gaulle après les indépendances juridiques a mis en place ou maintenu, généralement par la corruption des dictateurs serviles. La France, du moins notre gouvernement, a donc décidé de jouer le gendarme en Afrique, déstabilisant les états pour permettre d’assoir une présence de type colonialiste, par mercenaires interposés. Cela permet aux multinationales Total (autrefois Elf), Bollorée, Aréva et autres de piller à bon compte les richesses naturelles : or, métaux précieux, pétrole, gaz, uranium… sans que les populations puissent en profiter. Cela a un coût très élevé parce que l’armée dispose de milliers de militaires au Mali et en Centrafrique, mais 4 ou 5 fois plus pour assurer la logistique en arrière. Il n’y a pas d’économies dans ce domaine, c’est pour cela qu’il faut couper des dépenses dans le nombre de fonctionnaires, dans les servies publics !!!…
Avec en particulier le travail du mercenaire Bob Denard et ses équipes, dont l’expérience s’est forgée en Afrique, la France a recolonisé l’ile de Mayotte une des 4 principales iles de l’état indépendant des Comores. Et ce département n’aura que dans une vingtaine d’années les mêmes droits (déjà minorés) des autres départements d’outre-mer. Là bas, la France a la terrible responsabilité d’organiser le plus grand cimetière marin de l’Océan. Mais, l’important, c’est l’installation d’une base militaire !!!
Le référendum aura-t-il lieu en Kanakie en 2014, comme cela était prévu avec les accords Rocard ?
Le voyage de Hollande en Turquie va-t-il permettre de faire avancer sérieusement l’enquête sur les assassinats des 3 militantes Kurdes tuées en plein Paris, il y a un an.
La diplomatie française va-t-elle condamner les procès inique des 23 militants sahraouis lourdement condamnés, il y ajuste un an. Le Quai d’Orsay n’avait pas de réponse à nous donner pour qualifier ce procès inique. Va-t-il continuer de soutenir la politique du Maroc de vouloir annexer ce territoire et de considérer que les droits de l’homme y sont désormais correctement respectés ?
Il y a le problème palestinien avec cette colonisation israélienne qui ne cesse de grignoter les territoires de ce peule. La France va-t-elle enfin intervenir politiquement pour qu’une solution pacifique puisse enfin être mise en place en imposant à Israël d’appliquer enfin les résolutions de l’ONU.
La question des Tamouls doit également nous interpeller. Un meurtre toujours non élucidé a aussi été perpétré à Paris, il y a moins de 2 ans je crois.
Les habitants des territoires et départements d’outremer, même s’il sont considérés comme Français restent des citoyens de seconde zone.
Le débat sur l’identité nationale lancé par Sarkozy, il y a 4/5 ans, porte ses fruits maintenant, il a aggravé les réflexes racistes, xénophobes, libérant la parole, facilitant les actes consécutifs. L’objectif était de stigmatiser les étrangers, les enfants d’immigrés, les musulmans… Une expression significative montre à quel point l’idée coloniale continue d’imprégner le subconscient national : jeune ou français issu de l’immigration ne désigne pas les enfants d’italiens, de portugais, de polonais ou de hongrois, parce que eux sont automatiquement considérés comme français à part entière, mais ceux qui ont une peau foncée, un prénom ou un nom "trahissant" l’origine de parents nés dans une quelconque ex-colonie ou même dans les DOM-TOM. Ceux là restent des sous citoyens. Alors comment s’étonner que dans cette population discriminée pour ces origines les souffrances ne soient pas difficiles à vivre, qu’une envie de révolte ne soit pas latente. Dans certains quartiers que je connais bien, le contrôle au facies reste la règle. Le colonialisme s’est toujours nourri du racisme.
Une partie du programme de cette semaine anticoloniale figure sur ce site, mais d’autres initiatives se rajoutent sans cesse, on les trouvera sur le site www.anticolonial.net
3 Manifestations sont programmées :
Une les 15 et 16 février le Salon Anticolonial à la Belleviloise (21 Rue Boyer Paris).
Une le 27 février pour interpeller le gouvernement un an après le procès des sahraouis
Une le 1er mars Place de la République pour dire non au colonialisme, non au racisme
Nous renouvelons un serment, ce combat qu’Henri Alleg a mené pendant des dizaines d’années, nous allons le poursuivre de toutes nos forces, avec la même énergie qu’il y mettait, c’est l’honneur de la France qui est en jeu.
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