Ce livre de Jean-Charles Deniau nous permet de connaître la "vérité" de la disparition de Maurice Audin selon la version de Général Aussaresses, selon des confessions posthumes.
Certes ce général savait exactement comment est mort le jeune mathématicien communiste à Alger puisque cela s’est passé au moment de sa passation de pouvoir avec le Capitaine Yves De la Bourdonnaye-Montluc dans ce régiment de parachutistes.
Évidemment la version de l’évasion, qui reste encore la seule officielle, n’est plus crédible pour quiconque. Plusieurs autres versions ont été diffusées, mais lelles n’ont toujours pas été validées. Même celle de Pierre Vidal-Naquet, généralement admise comme le "bonne" pendant longtemps par tous ceux qui exigeaient la vérité à ce sujet, n’a pas résisté. Quand je m’étais exprimé , il y a quelques années, en évoquant quelques réserves à son sujet parce que j’avais recueilli des témoignages, des confidences partiels à l’occasion de débats auxquels j’avais participé, j’avais eu droit à de vives réactions.
Dans le livre de ce Général paru en 2008, "Je n’ai pas tout dit" - ses ultimes révélations transmises à Jean-Charles Deniau - une version avait été acceptée comme scénario de l’assassinat de Maurice Audin.
Ce nouveau livre de Jean-Charles Deniau publie donc les confessions de cet odieux tortionnaire quelques semaines après son décès. Malgré son degré de sélénité il est vraisemblable que cette version soit très proche de la vérité. Il existe pourtant des possibilités de connaître la réalité. Josette Audin avait demandé aux Présidents de la République Nicolas Sarkozy puis François Hollande de pouvoir accéder aux archives pour connaître enfin les conditions de la disparition de son mari. Le premier n’a jamais répondu, le second s’était engagé à déclassifier les archives de l’armée. Comme on pouvait le penser, leur consultation n’a pas apporté grand chose, et rien d’essentiel. Pourtant Aussaresses établissait des rapports quotidiens en 3 exemplaires ( il en conservait un, un autre était remis à Massu, l’autre aux autorités civiles d’Alger ) . Que sont-ils devenus ? Il est probable que l’Armée a délibérément détruit l’essentiel des archives sur ce sujet, soit immédiatement soit dans les jours, mois, années qui ont suivi ce drame. Par exemple, j’ai eu le témoignage téléphonique de l’officier qui a pris la relève de la gestion de la Villa Susini, quand je l’ai quittée (le 13 mars 1962) : l’ensemble du fichier des milliers algériens qui y ont été arrêtés et interrogés a été dispersé dans le jardin, et ainsi toutes traces sont donc disparues.
Pourtant il serait possible, par exemple par une commission d’enquête parlementaire, à défaut d’une enquête policière sérieuse, d’entendre des témoins de cette époque. Des militaires "sévissant" à cette époque à la Villa des Tourelles sont encore vivants, mais avec les années ils deviennent de moins en moins nombreux. Des officiers comme Massu, De la Bourdonnaye-Montluc sont décédés, mais des officiers affectés aux services de renseignements à Alger à cette époque, devraient s’exprimer, ils savent, parce qu’ils se rencontraient quasiment tous les jours pour faire le point, se concerter sur les arrestations, la mise à jour des réseaux du FLN... Parmi ceux-ci il y a l’ex-lieutenant Jean-Marie Le PEN, l’ex-capitaine Maurice SCHMITT, devenu Général et même un moment le premier militaire de France.Certes ils n’ont aucune responsabilité dans cette "disparition" mais ils savent !!!
Alors j’en appelle au Président de la République pour qu’il prenne ENFIN sa responsabilité de représentant de la France pour s’exprimer sur ces questions. Dans son ouvrage "Devoirs de Vérité" François Hollande, alors premier secrétaire du PS écrivait entre autre : "S’il faut, que sur 1956 et les pouvoirs spéciaux, je sois plus explicite, je le fais ici, au nom du Parti Socialiste aujourd’hui. Nous sommes comptable du passé et responsables de l’avenir. La SFIO a perdu son âme dans la Guerre d’Algérie. Elle a ses justifications, mais nous devons des excuses au peuple Algérien. Et nous devons faire en sorte que cela ne se reproduise plus". Le Candidat Hollande, à l’élection présidentielle avait signé, le 15 octobre 2011, une pétition pour demander que la France reconnaisse et condamne le crime d"État que représentait le massacre du 17 octobre 1961.
Hélas, une fois élu, il est devenu amnésique !!!
Oui, il est plus que temps que, en 2014, 60ème anniversaire du déclenchement de cette Guerre de Libération du Peuple Algérien, la France reconnaisse et condamne ENFIN ses responsabilités quant aux crimes d’État et crimes contre l’Humanité commis en son nom, pendant la colonisation, et tout particulièrement pendant la Guerre d’Algérie.
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