Lettre d’un fils d’une victime de l’OAS, à l’ancien lycéen qui refusa de respecter la minute de silence demandée en mémoire à l’assassinat de son père.
Cette lettre a été envoyée une première fois le 8 décembre 2008, puis le 4 février et le 9 mars 2009 cette fois là en courrier recommandé avec AR.
Toujours sans réponse !!!
En PS : le début de l’article de Carole Barjon.
à Monsieur Patrick BUISSON
Monsieur,
Sous la signature de Carole Barjon, le numéro 2298 (semaine du jeudi 20 novembre 2008) du Nouvel Observateur a publié un article où il est question de vous.
Au paragraphe 4, alinéa 2, on peut lire : "Elève au lycée Pasteur de Neuilly, il refuse de se lever pour une minute de silence après un attentat meurtrier de l’OAS".
Sauf erreur de ma part, il s’agit du lundi 19 mars 1962, vous aviez treize ans à peine, et vous vous êtes abstenu de prendre part à la minute de silence dont le ministre de l’Education nationale, Lucien Paye, avait recommandé le respect dans tous les établissements scolaires, en hommage aux six Inspecteurs des Centres sociaux éducatifs, assassinés par l’OAS le 15 mars 1962 à Alger.
Par votre attitude vous entendiez ne pas vous associer à la condamnation d’un meurtre collectif d’enseignants.
Voici le message que les autres jeunes Français ont écouté :
"L’Université française tout entière s’associe au deuil qui, une fois encore, frappe si douloureusement l’Académie d’Alger.
Hier matin, un groupe de six tueurs de l’OAS a lâchement assassiné à El Biar six de nos collègues dont les noms doivent être cités à la jeunesse de France :
Maxime Marchand, inspecteur d’Académie, chef du service des Centres sociaux d’Algérie,
Mouloud Feraoun, adjoint au chef du service des Centres sociaux,
Robert Aimard, inspecteur des Centres sociaux, chef du bureau d’études,
Marcel Basset, inspecteur, chef du centre de formation du personnel des centres sociaux,
Ali Hammoutene, inspecteur des Centres sociaux pour la région d’Alger,
Salah Ould Aoudia, inspecteur des centres sociaux pour la région d’Alger.
Surpris au milieu d’une réunion de travail, ils ont été alignés devant un mur et sauvagement mitraillés.
Unis dans le sacrifice comme ils l’étaient dans leur œuvre d’éducation, ils doivent le demeurer dans notre souvenir.
Leurs noms s’ajoutent à la longue liste des maîtres qui, en Algérie, sont tombés au service des valeurs spirituelles et morales qu’enseigne l’université française et dont les Centres sociaux d’Algérie, expression et moyen de coopération dans l’éducation intellectuelle et l’action sociale, sont l’émouvant symbole.
En assassinant ces hommes, c’est à ces valeurs morales que l’OAS a voulu s’attaquer."
Il est capital de savoir si, devenu conseiller du Président de la République, vous reconnaissez rétrospectivement vous être mal comporté en refusant de prendre part à l’hommage rendu à six fonctionnaires de l’Education nationale, hommes de culture, de paix et de réconciliation, massacrés au nom de l’Algérie française, par une organisation terroriste.
Je ne puis croire en effet que vous persistiez dans cette approbation donnée si ouvertement, quarante-six ans plus tôt, à des agissements que Raoul Salan, chef suprême de l’OAS aurait désavoués à l’époque, et que déplorent aujourd’hui d’anciens criminels de l’organisation.
J’aimerais cependant que vous m’en donniez la confirmation formelle, ce dont je vous remercie par avance.
Je vous prie d’accepter, Monsieur, l’expression de mes salutations.
Jean-Philippe Ould Aoudia
« Je lui dois d’avoir été élu… », dit Sarkozy
par Carole Barjon, Le Nouvel Observateur N° 2298, du jeudi 20 novembre 2008
Patrick Buisson : le stratège de l’ombre
Il est à la fois souverainiste et libéral, catho tradi et anticonformiste. Il a dirigé Minute et Valeurs actuelles puis aidé Sarkozy à siphonner les voix de Le Pen et de Villiers. Enquête sur l’homme qui n’a ni fonction officielle ni bureau à l’Elysée. Et n’en est pas moins le plus écouté des conseillers du président.
C’était le 24 septembre 2007, dans les salons de l’Elysée. Ce jour-là, le président de la République en personne remet la Légion d’honneur à Patrick Buisson. « Un journaliste de conviction, ce qui est rare ; un journaliste de grande culture, ce qui est très rare. » Compliments de circonstance. Et puis Sarkozy laisse tomber son texte et improvise. « C’est à Patrick que je dois d’avoir été élu », dit-il, et cela vaut plus que toutes les médailles. Buisson en rougit. Certains ont même vu une larme perler à ses paupières.
Quelle revanche pour cet ex-paria, ancien de Minute, si souvent qualifié de « sulfureux » ! Lui l’anticonformiste, le marginal qui fuit les mondanités, le conseiller officieux qui a refusé d’avoir un bureau à l’Elysée, l’homme de réseaux et de coulisses qui alimente rumeurs et fantasmes, le voilà consacré conseiller privilégié du Prince - mieux : faiseur de roi ! - devant un aréopage d’éditorialistes, d’universitaires et d’hommes politiques - y compris de gauche.
Sulfureux ? Sur son parcours, en tout cas, Buisson joue cartes sur table. Il assume tout. Y compris son passé d’extrême droite. Fils d’un ingénieur d’EDF engagé à l’Action française dans sa jeunesse avant d’adhérer en 1947 au RPF de De Gaulle, Patrick Buisson a grandi dans le culte de Maurras. Il n’a que sept ans, en 1956, lorsque sa mère l’emmène manifester contre l’entrée des chars soviétiques à Budapest. Mais c’est l’affaire algérienne qui va déterminer son engagement politique. Elève au lycée Pasteur de Neuilly, il refuse de se lever pour une minute de silence après un attentat meurtrier de l’OAS. Bien plus tard, il écrira avec Pascal Gauchon, leader du Parti des Forces nouvelles, un livre intitulé OAS, histoire de la résistance française en Algérie. Trop jeune pour avoir été membre fondateur du mouvement Occident, il croise sur le tard Alain Madelin, Gérard Longuet et Hervé Novelli, ses aînés. Le voilà étudiant à Nanterre en lettres et en histoire à la tête de la Fédération nationale des Etudiants de France. [...]
"Son analyse est simple, écrit Carole Barjon, et elle n’a guère varié depuis : les électeurs du FN sont pour l’essentiel d’anciens électeurs du RPR déçus par le recentrage et l’évolution pro-européenne de Chirac, pour le reste d’anciens communistes nostalgiques du temps où le PC était conservateur, autoritaire et nationaliste."
Et Carole Barjon de conclure en citant Patrick Buisson : "Puisque Chirac a laissé partir ce que Barrès appelait “la France poignardée”, il faut la récupérer en lui parlant d’immigration et de sécurité, mais surtout de ce qui la fait vibrer : la nation, l’identité, la famille."
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