Henri POUILLOT
Guerre d’Algérie, Colonialisme...
Descriptif du site
Discours de Toulon (extraits)
Les points marquants de ce discours

Du Discours de Sarkozy à Toulon du 7 Février 2007, ces extraits montrent la conception rétrograde du colonialisme.

Article mis en ligne le 7 février 2007
dernière modification le 3 novembre 2010

par Henri POUILLOT
Imprimer logo imprimer

Nicolas Sarkozy à Toulon
Discours du Mercredi 7 février 2007 "Extraits"

Mes chers amis,

… Ça ne peut plus durer la discrimination, l’inégalité des chances, la panne de la promotion sociale.

Ça ne peut plus durer les femmes moins payées que les hommes, les mariages forcés, la loi des grands frères, la polygamie, l’excision. … Ça ne peut plus durer les valeurs de la France bafouée, l’histoire de France répudiée, la nation dénigrée.

… Ici où tout a commencé, au bord de cette mer qui ne mène pas à des terres inconnues mais aux rivages familiers vers lesquels depuis des millénaires nous tournons nos regards et nos pensées à chaque fois que nous rêvons d’une certaine idée de l’homme et de la civilisation.

…La Méditerranée est pour nous tous, même quand nous n’y avons jamais vécu, un souvenir d’enfance où se mélangent des dieux de l’Egypte et de la Grèce, des chevaliers des Croisades, de vieux temples en ruines, des sensations de chaleur sèche, de lumière éblouissante, de senteurs entêtantes, de joie de vivre, et sur fond de mer et de ciel bleu des tragédies terribles, pleines de sang et de fureur, de haines inexpiables, d’une violence archaïque que le long travail des civilisations n’a pas réussi à éteindre.

…Je pense à la prière de Notre-Dame d’Afrique à Alger : "Priez pour nous chrétiens et pour les musulmans".

Je pense à Jérusalem, la ville sainte de tous les croyants, qui devrait être pour tous les hommes le symbole de la tolérance et de l’amour et que l’histoire a vouée à la souffrance et aux malheurs.

Je pense au dialogue si fécond jadis, si nécessaire et pourtant si difficile, entre la chrétienté et la civilisation musulmane.

Je pense à cette nouvelle Renaissance si nécessaire sur les deux rives de la Méditerranée et pour tous les hommes, et que nous devons accomplir ici, à la charnière du Nord et du Sud, de l’Orient et de l’Occident.

Notre grand tort est d’avoir longtemps, trop longtemps, tourné le dos à la Méditerranée.

Le drame algérien, l’occultation du passé colonial, la mode de la repentance ont contribué à nous rendre étrangers à ce qui avait été si longtemps et si naturellement un prolongement de nous-mêmes.

Que tous nos regards se soient tournés exclusivement vers le Nord et vers l’Est, que le Sud ainsi fût oublié intellectuellement, culturellement, moralement, politiquement, économiquement, que la Méditerranée cessât d’être un lieu d’où jaillissait pour nous la richesse, la culture et la vie, qu’elle cessât de représenter une promesse pour ne plus constituer qu’une menace, n’est pas pour rien dans la crise d’identité et la crise morale que nous traversons.

Il faut dire les choses comme elles sont : en tournant le dos à la Méditerranée, l’Europe et la France ont cru tourner le dos au passé. Elles ont en fait tourné le dos à leur avenir. Car l’avenir de l’Europe est au sud.

Le rêve européen a besoin du rêve méditerranéen. Il s’est rétréci quand s’est brisé le rêve qui jeta jadis les chevaliers de toute l’Europe sur les routes de l’Orient, le rêve qui attira vers le sud tant d’empereurs du Saint Empire et tant de rois de France, le rêve qui fut le rêve de Bonaparte en Egypte, de Napoléon III en Algérie, de Lyautey au Maroc. Ce rêve qui ne fut pas tant un rêve de conquête qu’un rêve de civilisation.

Cessons de noircir le passé. L’Occident longtemps pécha par arrogance et par ignorance. Beaucoup de crimes et d’injustices furent commis. Mais la plupart de ceux qui partirent vers le Sud n’étaient ni des monstres ni des exploiteurs. Beaucoup mirent leur énergie à construire des routes, des ponts, des écoles, des hôpitaux. Beaucoup s’épuisèrent à cultiver un bout de terre ingrat que nul avant eux n’avait cultivé. Beaucoup ne partirent que pour soigner, pour enseigner. On peut désapprouver la colonisation avec les valeurs qui sont les nôtres aujourd’hui. Mais on doit respecter les hommes et les femmes de bonne volonté qui ont pensé de bonne foi œuvrer utilement pour un idéal de civilisation auquel ils croyaient. Il faut respecter ces milliers d’hommes et de femmes qui toute leur vie se sont donné du mal pour gagner par eux-mêmes de quoi élever leurs enfants sans jamais exploiter personne et qui ont tout perdu parce qu’on les a chassés d’une terre où ils avaient acquis par leur travail le droit de vivre en paix, une terre qu’ils aimaient, parmi une population à laquelle les unissait un lien fraternel.

Je veux le dire à tous les adeptes de la repentance qui refont l’histoire et qui jugent les hommes d’hier sans se soucier des conditions dans lesquelles ils vivaient, ni de ce qu’ils éprouvaient.

Je veux leur dire : de quel droit les jugez-vous ?

Je veux leur dire : de quel droit demandez-vous aux fils de se repentir des fautes de leurs pères, que souvent leurs pères n’ont commises que dans votre imagination ?

… A tous ceux d’entre vous qui sont revenus des colonies en ayant tout abandonné, n’emportant avec eux que leurs souvenirs de jeunesse et cette nostalgie qui ne les quittera plus jamais, je veux dire que si la France a une dette morale, c’est d’abord envers eux.

Aux enfants des harkis qui ont servi la France, qui ont dû fuir leur pays et que la France a si mal accueillis, je veux dire que si la France doit des excuses et des réparations, c’est à eux qu’elle les doit.

…Je souhaite qu’on ne puisse pas vivre en France sans respecter sa culture et ses valeurs. Je souhaite qu’on ne puisse pas s’installer durablement en France sans se donner la peine d’écrire et de parler le Français. Et à ceux qui veulent soumettre leur femme, à ceux qui veulent pratiquer la polygamie, l’excision ou le mariage forcé, à ceux qui veulent imposer à leurs sœurs la loi des grands frères, à ceux qui ne veulent pas que leur femme s’habille comme elle le souhaite je dis qu’ils ne sont pas les bienvenus sur le territoire de la République française. A ceux qui haïssent la France et son histoire, à ceux qui n’éprouvent envers elle que de la rancœur et du mépris, je dis aussi qu’ils ne sont pas les bienvenus.

A tous les peuples de la Méditerranée qui passent leur temps à ressasser le passé et les vieilles haines de jadis, je veux dire que le temps est venu de regarder vers l’avenir. …La mondialisation c’est l’avènement de la première civilisation mondiale. C’est aussi la plus grande menace qui ait jamais pesé sur la diversité culturelle.

La mondialisation c’est la raison trop sûre d’elle-même qui provoque le retour en force de l’irrationnel et de l’obscurantisme.

La mondialisation c’est l’occidentalisation du monde confrontée au rejet de l’Occident.

…A cet endroit et à ce moment précis où le choc des civilisations devient une menace réelle pour l’humanité, là, autour de cette mer baignée de lumière où depuis deux mille ans la raison et la foi dialoguent et s’affrontent, là sur ces rivages où l’on mit pour la première fois l’homme au centre de l’univers, là se joue une fois encore notre avenir.

Là si nous n’y prenons garde les valeurs communes à toutes les civilisations dont nous sommes les héritiers perdront la bataille de la mondialisation. Là nous pouvons tout gagner ou tout perdre. Nous pouvons avoir la paix ou la guerre, la meilleure part de la civilisation mondiale ou le fanatisme et l’obscurantisme, le dialogue des cultures le plus fécond ou l’intolérance et le racisme, la prospérité ou la misère.

…Jusqu’à quand l’Europe attendra-t-elle pour construire l’Afrique de demain ? Pendant que l’Europe hésite, les autres avancent. La mondialisation n’attendra pas que l’Europe se décide enfin à en être un acteur et pas seulement à la subir.

…C’est dans la perspective de cette Union Méditerranéenne qu’il nous faut repenser ce qu’on appelait jadis la politique arabe de la France,

C’est dans la perspective de cette Union Méditerranéenne qu’il nous faut approcher le problème de la paix au Moyen-Orient et chercher une issue au conflit israélo-palestinien.

C’est dans la perspective de cette Union Méditerranéenne qu’il nous faut concevoir l’immigration choisie, c’est-à-dire décidée ensemble, organisée ensemble, maîtrisée ensemble. …C’est parce que l’immigration non maîtrisée est une catastrophe pour les pays de départ comme pour les pays d’accueil que je veux poser à l’échelle de la Méditerranée la question de l’immigration clandestine. Elle fait la fortune des marchands de sommeil et des passeurs sans scrupule qui n’hésitent pas à mettre en danger la vie des pauvres malheureux dont ils exploitent la détresse. Aussi je souhaite qu’une convention soit élaborée entre tous les pays méditerranéens pour faciliter les reconduites à la frontière, et je souhaite que celui qui a été reconduit dans son pays ne puisse pas obtenir un titre de séjour en France pendant les 5 ans qui suivent.

Je souhaite que les étrangers en situation irrégulière soient exclus du droit au logement opposable.

C’est parce que je crois en la Méditerranée comme un espace de solidarité et de coopération que je souhaite que soit mise en place avec tous les pays qui l’entourent une politique commune d’immigration choisie, c’est-à-dire décidée ensemble, organisée ensemble, maîtrisée ensemble, et que dans ce cadre chaque pays fixe chaque année le nombre des étrangers qu’il peut accueillir dans des conditions qui permettent de respecter la dignité des personnes, que l’immigré en situation régulière ne puisse faire venir sa famille que dans la mesure où les revenus de son travail lui permettent de la faire vivre et de la loger décemment, qu’une charte fixe clairement les principes de l’entrée et du séjour des étrangers dans les pays d’accueil.

…La Méditerranée c’est un enjeu pour notre influence dans le monde. C’est un enjeu pour notre manière de vivre avec les autres. C’est un enjeu pour notre cohésion nationale et c’est un enjeu pour chacun d’entre nous. C’est aussi un enjeu pour l’Islam qui hésite entre le modernisme et le fondamentalisme.

…Cette morale, cette pensée autour de laquelle le Nord et le Sud, l’Orient et l’Occident pourraient se rassembler et qui serait une forme de résistance au fatalisme et au renoncement, cette morale peut-elle être à l’origine de cette nouvelle Renaissance, où, comme dans celle de jadis, tout sera possible, où les hommes, de nouveau, auront le sentiment qu’ils peuvent tout accomplir ?

... Faire une politique de civilisation comme le voulaient les philosophes des Lumières, comme essayaient de le faire les Républicains du temps de Jules Ferry. Faire une politique de civilisation pour répondre à la crise d’identité, à la crise morale, au désarroi face à la mondialisation.

Faire une politique de civilisation, voilà à quoi nous incite la Méditerranée où tout fut toujours grand, les passions aussi bien que les crimes, où rien ne fut jamais médiocre, où même les Républiques marchandes brillèrent dans le ciel de l’art et de la pensée, où le génie humain s’éleva si haut qu’il est impossible de se résigner à croire que la source en est définitivement tarie.

La source n’est pas tarie.

Il suffit d’unir nos forces et tout recommencera.

…Je suis convaincu qu’il faut rééquilibrer le capitalisme financier dans un sens plus favorable à l’entrepreneur et au capitalisme familial.
Je veux être le Président d’une France qui travaille à humaniser et à moraliser la mondialisation. …Je veux être le Président d’une France qui s’efforce de fonder l’ordre du monde sur les valeurs spirituelles et morales qu’elle incarne aux yeux de tous les hommes et qu’elle doit continuer d’incarner. …Je veux être le Président d’une France qui fera comprendre à l’Europe que son avenir, son destin même, se trouve en Méditerranée.

Forum
Répondre à cet article


puce

RSS

2002-2024 © Henri POUILLOT - Tous droits réservés
Site réalisé sous SPIP
avec le squelette ESCAL-V3
Version : 3.79.26