Henri POUILLOT
Guerre d’Algérie, Colonialisme...
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Guerre de civilisation ?
Article mis en ligne le 30 juin 2015
dernière modification le 25 août 2015

par Henri POUILLOT
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"Guerre de civilisation" : cette expression, employée en ce 28 juin 2015, par le Premier Ministre de notre pays fait peur.
Certes, 3 Attentats à Saint-Quentin-Fallavier (dans l’Isère), en Tunisie, au Koweït ont été commis quasiment en même temps, et semble-t-il revendiqués (ou inspirés ?) par l’Etat Islamique au nom d’une soi-disant "idéologie" religieuse. Et il n’est même pas encore réellement démontré à ce jour que l’attentat perpétré en Isère soit de nature "terroriste" ou un meurtre des plus odieux, "habillé" de ces pratiques "estampillées" Etat Islamique. Certes l’horreur de ces barbaries est révoltante.

L’histoire, depuis des siècles, nous a appris qu’une religion a souvent été utilisée comme prétexte pour "justifier" une volonté de domination politico-écoomique : christianisme, protestantisme, sionisme...

C’est au nom d’une nécessité de "civiliser" des peuples que les religions ont été "utilisées" pour organiser les colonisations, en institutionnalisant le racisme pour mettre en œuvre ces pratiques.

Bush, Sarkozy, ont fait de cette conception de la "guerre de civilisation" leur fond de commerce électoral, activant les haines à partir de discriminations basées sur des appartenances (ou supposées appartenances) religieuses.

Sarkozy, en lançant son ministère et le débat sur l’identité nationale a semé la libération de la parole et des actes racistes. Et ces germes seront long à se dissiper, d’autant plus longs qu’il n’y a pas un un effort politique sérieux pour les combattre réellement. Mais qu’un premier ministre, se prétendant de gauche, socialiste, reprenne cette expression est ignoble.

Constater est une chose, tenter de comprendre et d’enrayer de tels processus est autre chose.

Depuis les offensives de mise en place de cette guerre de civilisation, une constante se remarque : une volonté d’instrumentaliser l’islam. Que ce soit en Afghanistan (rappelons nous l’utilisation des talibans pour remettre en cause la "présence" soviétique, puis la soi-disante élimination de ces mêmes talibans, de fait renforcés par ces opérations et omniprésents maintenant dans ce pays), en Irak, en Libye, en Syrie, au Mali,...les interventions militaires démontrent leurs inefficacité quant aux buts annoncés. Mais, en accentuant la déstabilisation de ces états, en en généralisant les victimes, devenues des martyrs ces conflits ne peuvent être que des foyers entretenant des ferments prêts à se propager pour "punir" ces "donneurs" de leçons,

L’islamophobie s’est généralisée au niveau planétaire, et tout particulièrement en France, même si elle n’est pas systématiquement frontale, mais souvent découlant en sous-entendu d’une condamnation d’un ’islamisme politique, radical". Les médias, à de très rares exceptions près, n’évoque que le terrorisme de l’État Islamique, quasi jamais ceux commis par Israël. Le 29 juin 2015, juste quelques jours après ces 3 attentats, Israël attaquait la flottille "Pour Gaza" en eaux internationales sans que l’on entende en France ni le Président de la République, ni son Premier Ministre même simplement protester !!!

En pratiquant des martyrs dans les pays de culture à majorité musulmane, les ferments étaient réunis pour que des extrémistes utilisent ce terreau pour mener une telle politique fanatique, de terreur.

En reprenant ces premières remarques générales, regardons de plus près, en France, pourquoi un tel écho peut "attirer" des Français.

Une expression typique "issu de l’immigration" est significative. Elle ne désigne pas Nicolas Sarkozy, ou Manuel Valls pourtant tous deux relevant de cette catégorie. Eux, sont considérés "naturellement" comme Français à part entière, comme de "souche". Par contre cette expression permet de discriminer tous ceux qui, par leur prénom, leur nom de famille, la couleur de leur peau "trahissent" des origines d’anciens "Indigènes". Ils ne sont toujours pas, neseront jamais des Français à part entière, même si, pour beaucoup ils n’ont aucun lien direct avec le pays de leurs ancêtres.Ils restent des Français de seconde zone. Cette séquelle coloniale reste ancrée dans le subconscient national. Et "naturellement" ce racisme larvé se conjugue souvent à une assimilation à une appartenance religieuse de l’islam, même s’ils ne pratiquent pas. Les contrôles au faciès tellement généralisés depuis des dizaines d’années ne font que renforcer ce sentiment d’exclusion. Et cette exclusion se répercute très souvent vers une exclusion sociale

Alors comment s’étonner ensuite que des jeunes, discriminés pour leurs origines, retrouvant à la mosquée une reconnaissante de citoyen à part entière, ne se réfugient là pour retrouver la dignité qu’on leur conteste au quotidien. Dans ma banlieue yvelinoise, je peux multiplier les témoignages dans ce sens. Aussi, que ce soit à la mosquée, ou en prison, que des jeunes en souffrance, écoutent avec une oreille bienveillante des prêcheurs les incitant à se réfugier dans la religion devant ainsi leur permettre de se "sauver" moralement de cette souffrance qu’il subissent depuis des années, quitte pour eux à devenir, eux aussi, des "martyrs", et pourquoi pas aller faire le djihad ??? N’ayant plus aucun espoir, plus de perspectives, ils espèrent ainsi redonner un sens à leur vie de galère, .

Cette démarche va se trouver amplifiée par le fait qu’ils vont devenir des "vedettes" en se sacrifiant, en devenant des martyrs, Leur geste va leur donner, enfin, un statut jusqu’alors refusé. Combien de fois n’a-t-on pas vu des personnes fragiles, en désespérance, suivre de terribles exemples médiatisés pour "exister" !!!

Comment oser parler de guerre de civilisation ? et pire encore, laisser sous entendre que la religion, l’islam en l’occurrence, en est la responsable !!!

Tant que le racisme, fondé sur la différence, "justifié" par les exclusions (Roms, musulmans, étrangers...) aggravées par les discriminations sociales, les inégalités, sera le fondement de politiques, nul doute que les fanatismes pourront recruter des candidats qui estiment ne plus rien avoir à perdre.

Comme beaucoup, j’ai voté à gauche, pas pour que l’on souffre de la même politique, qu’elle soit menée par un "issu de l’immigration hongroise Sarkozy, ou un "issu de l’immigration" espagnole Valls, mais pour que les vraies valeurs progressistes soient enfin mises en œuvre :
- que l’humain soit pris en exclusive priorité
- que la finance soit au service des hommes mais pas un carcan
- que le racisme soit vivement combattu, sous toutes ses formes
- que les discriminations de quelques sortes soient combattues (sociales, ethniques, religieuses...)
- que les différences soient prises comme un atout, pas utilisées comme un moyen d’instiller la haine...
- que l’utopie soit au pouvoir pour améliorer la vie...

Il est plus que temps que la France change sa politique. sur plusieurs points importants :
- une politique radicalement antiraciste
- une politique de paix : retrait de l’Otan et des terrains tels que le Mali, l’Irak, la Syrie...
- une politique profondément humaniste.
- une approche totalement différente des rapports internationaux ce qui ne provoquerait pas des exodes de population fuyant la misère, la guerre...
- une politique respectueuse des droits de l’homme. Avant de donner des leçons, reconnaissons nos responsabilités dans les politiques coloniales et leurs conséquences (tout particulièrement en Algérie)

Ces changements politiques seront de très loin les plus efficaces pour mettre à l’abri nos concitoyens des actes de terrorisme

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