Henri POUILLOT
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Les hypocrisies présidentielles des "va-t-en-guerre"
Editoral du 16 septembre
Article mis en ligne le 16 septembre 2013
dernière modification le 2 avril 2014

par Henri POUILLOT
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Les hypocrisies présidentielles des "va-t-en-guerre"

Mes réactions à la suite de la prestation de François Hollande sur TF1 le 15 septembre 2013

Les diplomaties étrangères ont souvent eu la mémoire courte oubliant leurs cruelles responsabilités et n’hésitant pas à donner des leçons. A l’occasion du drame syrien on constate une imposture flagrante de nos 2 principaux "va-t-en-guerre" : Hollande et Obama.

Je ne me permets pas de donner une leçon de comportement au peuple américain, mais les USA ont une terrible responsabilité comme par exemple dans l’épandage des défoliants de Mosanto au Vietnam, et encore aujourd’hui, 50 ans plus tard, la dioxine imbibée dans le sol continue de faire ses ravages dans ce pays.

Mais en tant que Français, je peux me permettre de prendre partie face à la politique menée dans mon pays. J’ai apporté ma voix pour que "le changement, c’est maintenant" puisse devenir une réalité. Certes je n’avais pas beaucoup d’illusions de vivre une révolution, mais je ne pensais pas à une telle continuité, ou même aggravation sur tant de domaines.
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Dimanche soir notre président a clamé qu’il était fier de défendre les valeurs de la France ? Quelles valeurs ? Dans ce domaine de guerre La France a un triste passé qu’elle n’a toujours pas reconnu, ni donc condamné.

Je ne prendrai que quelques exemples :
- Le 4 septembre, le Président allemand venait se recueillir à Oradour sur Glane, un geste symbolique très fort qui honore l’Allemagne pour cette reconnaissance et cette condamnation de ce crime horrible. Mais notre président, sans état d’âme n’a toujours pas évoqué les 600 à 800 "Oradour" algériens. En novembre 2004, en visite en Algérie, près de Khenchéla, j’ai visité les ruines de l’un de ces villages rasés au Napalm (voir : ZAATCHA). . Ce sont 800 personnes (hommes, femmes enfants… ) qui ont péri, pas dans une église, mais dans leur s mechtas. Cela s’est passé le 15 ou 16 novembre 1954. Ne serait-il pas temps que notre Président François Hollande s’y rende de façon aussi symbolique pour reconnaître et condamner cette responsabilité de notre pays ? Cela fera bientôt 60 ans.
- Pendant la Guerre d’Algérie, l’Armée Française a testé le "gaz sarin" dans le second semestre 1959, à quelques kilomètres de Colomb-Béchar. Ce n’étaient que des essais, comme les essais des bombes nucléaires de Réggane !!! Certes, officiellement, ce n’était pas pour utiliser ces armes contre les Algériens qui se battaient pour obtenir leur indépendance. Mais si par "hasard" des personnes se trouvaient au mauvais moment au mauvais endroit (évidemment, les populations civiles n’étaient pas prévenues du danger !!!) elles auront été des victimes par "accident" !!!
- Les camps de concentration, d’internement (pudiquement appelés alors camps de regroupement) en Algérie où le quart de la population rurale s’est trouvée déplacée dans les pires conditions exécrables n’ont généré "que" 200 à 600.000 morts (l’estimation basse est celle de l’enquête de Michel Rocard à l’époque, les historiens estiment beaucoup plus, environ 3.000 enfants par mois)
- Les "crevettes Bigeard", les corvées de bois, la torture institutionnalisée, les vols, les exécutions pour l’exemple en place publique, n’ont jamais été "autorisées" par les conventions de Genève !!! mais largement pratiquées
- Les crimes d’état commis à Paris, du 17 octobre 1961 et 8 février 1962 n’ont été reconnus et condamnés que par le Maire de Paris pas par les plus hautes autorités de l’État.
- D’autres horreurs pourraient être complétées…

Après ce rappel, comment, ne pas se révolter quand le Président de la République, affirme solennellement être fier de défendre les valeurs de la France dans sa démarche envers la Syrie. La France est, de fait, actuellement totalement disqualifiée pour donner des leçons dans ce domaine. Le "Je", sans cesse utilisé, est certes sa position, sa conception personnelles, elles ne peuvent être celles des Français défenseurs des droits de l’homme.

Par rapport à l’avenir de la Syrie lorsque François Hollande déclare : "Nous voulons être sûrs que ceux qui se chargeront de la transition politique en Syrie sont des démocrates. Nous n’allons pas installer ceux que nous considérons aussi dangereux qu’Assad, et que nous avons combattu au Mali." Bien évidemment, il n’est pas acceptable de tolérer, moralement, cette politique d’un dictateur tel que Bachar el-Assad. Mais, de quel droit la France prétend-t-elle "installer" dans ce pays une nouvelle direction au peuple Syrien, c’est à lui, à lui seul d’en décider.

Quelle "punition" tant de fois annoncée doit être mise en œuvre ? Envers Bachar el-Assad, ses complices ? Qui décide du degré de la sentence ? Un tribunal ou un justicier (fut-il président d’une République) investi d’une mission, comme au temps des croisades ? Une seule personne est responsable des morts par armes chimiques ?

Autre surprise dans cette intervention télévisuelle : "l’affaire au Mali est pleinement réussie". Mais alors pourquoi environ 2.000 soldats français sont-ils encore dans ce pays alors que l’engagement présidentiel de janvier était que l’intervention n’allait durer que quelques semaines et ne nécessiterait que quelques centaines de militaires ? Certes le candidat de l’Elysée a été élu à la présidence du Mali. 500.000 maliens du nord qui se sont exilés dans les pays voisins, la majorité des maliens vivant en France ou au Portugal n’ont pu voter… qu’importe, désormais la "responsabilité" des difficultés que rencontreront les maliens seront celles d’Ibrahim Boubacar Keïta (IBK), pas celle de la France !!! Les immenses espoirs mis dans ce "changement" à la tête de leur pays risquent bien d’être vite déçus. Les richesses (or, pétrole, gaz, minerais –dont l’uranium-… ) risquent bien de ne pas profiter au peuple, mais aux multinationales qui les exploitent.. La Françafrique reste bien la politique de base de la France dans cette région de l’Afrique.

Non Monsieur Hollande, le Président de la France, que j’ai élu, ne défend pas les valeurs républicaines que j’ai apprises dans mon enfance, pour les quelles je me bats depuis des décennies. Il est plus que temps que le changement arrive pour que notre pays puisse être de nouveau regardé avec respect et puisse servir d’exemple pour le respect de la dignité humaine.

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