Cet usage est très peu connu. Un article du journal "Le Bien Public" du 8 septembre 2013 publie un témoignage terrible, repris dans "ledauphine.com", sous la signature de Alexandre OLLIVIERI.
Le retraité Auguste Cuzin, d’Arandon entend reparler du gaz sarin lors de l’attentat du métro de Tokio en 1995, puis récemment avec les évènements en Syrie. De vieux souvenirs datant de 1959 surgissent alors.
Le gaz sarin. Ce nom fait frémir la communauté internationale depuis plusieurs semaines. Depuis que Barack Obama, le président américain, envisage une intervention en Syrie, persuadé que le régime totalitaire de Bachar el-Assad en a fait l’usage contre sa population civile.
Lorsqu’il entend parler du puissant neurotoxique aux informations, Auguste Cuzin, retraité vivant à Arandon, voit resurgir de vieux souvenirs. Ceux d’une autre époque, où il a expérimenté ce gaz de combat sur ordre de sa hiérarchie. Il était alors sergent dans l’armée française. En pleine guerre d’Algérie.
Auguste Cusin, en 1959, lors de tests au gaz sarin.
"J’étais chef de pièce dans l’artillerie, de février 1958 à avril 1960, en Algérie, détaille Auguste Cuzin. Durant le deuxième semestre de l’année 1959, j’ai été appelé à la base secrète de Beni-Ounif". Là-bas, dans le nord du Sahara, à quelques kilomètres de Colomb-Béchar, il va réaliser des tirs d’expérimentation avec des obus chargés de gaz sarin.
"Chaque matin, les officiers nous donnaient l’ordre de tirer à 6 ou 8 kilomètres, au canon, durant deux heures. Nous avons expérimenté le gaz sarin". La cible ? Des caisses, disposées dans le désert, dans lesquelles étaient emprisonnés des animaux. "Uniquement des petits animaux, se souvient l’ancien soldat. Des rats, des lapins…" Chaque obus contenait un demi-litre de gaz, qui se répandait dès l’impact au sol. "Nous allions dans le désert 48 heures plus tard, équipés de masques à gaz, pour aider les techniciens à ramasser les animaux morts, qu’ils emmenaient au laboratoire pour des analyses." Aucun tir sur l’homme, selon les historiens. Dans quel but ? Des tirs sur l’homme ont-ils existé ? Auguste Cuzin n’en sait pas plus. Benjamin Stora, éminent historien, spécialiste de l’Algérie, juge "probable" l’idée d’expérimentations au gaz sarin durant le conflit algérien. Frédéric Médard, auteur d’une thèse sur la présence militaire française en Algérie, croit lui aussi à ce témoignage. "La base de Béni-Ounif servait de centre d’essais et était surnommée ’le site des armes spéciales’. Mais ces tests ont été réalisés en marge des opérations de maintien de l’ordre en Algérie. À ma connaissance, aucun humain n’a été victime du gaz sarin durant ce conflit."
Pour l’historien, l’armée française cherchait avant tout à développer des modes de combat à opposer aux forces du Pacte de Varsovie. "La menace soviétique était très présente à l’époque, rappelle Frédéric Médard(1). Il s’agissait avant tout de contrer la tactique russe, qui s’appuyait beaucoup sur les gaz".
Appliquant scrupuleusement les ordres, Auguste Cuzin a poursuivi le rituel des exercices de tir durant un mois. Lui et ses camarades ont été confrontés de très près à ce gaz hautement mortel. "Un jour, un collègue incommodé par la chaleur a soulevé furtivement son masque pour cracher. Quelques secondes après, sa peau commençait à le brûler. Il a fallu lui administrer une piqûre d’atropine de toute urgence. Il a survécu."
L’ancien sergent se souvient aussi avec précision des centaines de mouches mortes qui reposaient sur les caisses contenant les obus. "On n’a pas été mis en condition pour manipuler ce gaz. On secouait les obus, sans se rendre compte du danger. Ce n’était vraiment pas notre heure…"
(1) “Technique et logistique en guerre d’Algérie”, ouvrage de Frédéric Médard, 2002.
Comme pour les essais nucléaires de Réggane, la France a "testé" ces armes horribles, sans s’inquiéter des victimes civiles qui ont pu être touchées simplement parce qu’elles se sont trouvées au mauvais moment, au mauvais endroit.Après l’utilisation de cet "agent orange" (la dioxine) au Vietnam, le napalm pour détruire (des Oradour sur Glane à la Française) entre 600 et 800 villages algériens, la France est vraiment mal placée pour donner des leçons sur les armes interdites par d’autres pays.
J’ai vu de mes yeux 17 cobattants algeriens gazes par les soldats fra cais alors que j’avais 12ans al’epoque dans une casmate a djebel bouarif aures j’ai plutard compris en voyant les soldats mettre des masques pou les extrairedu de la casmate
Votre témoignage d’enfant est corroboré par Roger Clair, caporal français de la 27eme division alpine commandée par le général Jacques Faure ; Roger Clair est auteur d’un ouvrage sur le sujet sous le titre de Commando Spécial Edition Pigmalion.