Henri POUILLOT
Guerre d’Algérie, Colonialisme...
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Chronologie

Cette chronologie n’est pas exhaustive, mais elle tente de rappeler les principales dates marquantes depuis la conquête coloniale, jusqu’à l’indépendance

Article mis en ligne le 6 juin 2010
dernière modification le 13 novembre 2010
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  1. Juillet 1830 : Début de l’histoire commune
  2. Le gouvernement de Charles X fait occuper la ville d’Alger.
  3. 1832 - 1847 : Abd el-Kader, émir arabe, déclare la guerre à la France, mais est vaincu par le général Bugeaud.
  4. 1852 - 1870 : occupation de la Kabylie et des confins sahariens : la conquête, particulièrement sanglante et destructrice, de l’Algérie est achevée. De nombreux colons s’installent, surtout après 1870 (l’Algérie compte environ 984.000 "pieds-noirs" en 1954).
  5. 1930 : Congrès de la Ligue des Droits de l’Homme à Alger pour "fêter" les 100 ans de présence française en Algérie !!!
  6. 1937 : fondation du Parti populaire algérien par Ahmed Messali Hadj.
  7. Février 1943 : Ferhat Abbas lance le Manifeste du peuple algérien qui exige l’abolition de la colonisation. (Ferhat Abbas sera président du Gouvernement Provisoire de la République Algérienne de 1958 à 1961).
  8. 8 mai 1945 : le jour de la capitulation allemande, une émeute éclate dans la région de Sétif, Guelma, Khératta,... déclenchée par des militants locaux du P.P.A., faisant 103 morts parmi les "Européens". La répression en est impitoyable (plusieurs dizaines de milliers de morts).
  9. 1946 : création par Ahmed Messali Hadj du Mouvement pour le Triomphe des Libertés Démocratiques.
  10. Septembre 1947 : promulgation du statut de l’Algérie : tous les Algériens ont la citoyenneté française, mais cette égalité est contredite par l’existence d’un double collège électoral qui assure la sous-représentation des "Français musulmans d’Algérie" (1 pour 10).
  11. 14 juillet 1953 : manifestation à Paris des syndicats pour commémorer la Révolution française ; la police ouvre le feu sur un cortège d’Algériens du Mouvement pour le triomphe des libertés démocratiques. On relèvera 7 morts, 6 Algériens et un Français.
  12. 1er novembre 1954 : Quelques mois après la défaite française à Dien Bien Phu, la rébellion éclate en Grande Kabylie et dans les Aurès, à l’initiative du F.L.N. (créé quelques mois auparavant).
  13. Novembre 1954 : fondation du Mouvement National Algérien par Ahmed Messali Hadj (après la dissolution du M.T.L.D.). Une lutte à mort s’engage avec le F.L.N., qui donnera lieu à de nombreux assassinats en métropole ; elle tourne après quelques années à l’avantage de ce dernier.
  14. 3 avril 1955 : Promulgation d’une loi instaurant l’état d’urgence en Algérie.
  15. 9 mars 1956 : le M.N.A. appelle les Algériens à manifester dans les rues de Paris. La manifestation est violemment réprimée.
  16. 12 mars 1956 : loi sur les pouvoirs spéciaux en Algérie autorisant la police et l’armée à prendre en Algérie "toute mesure exceptionnelle commandée par les circonstances". Cette loi fut adoptée par 455 voix (voix communistes comprises) contre 76.
  17. 30 septembre 1956 : début de la bataille d’Alger. La torture des "suspects" est presque systématique.
  18. Juillet 1957 : extension des pouvoirs discrétionnaires aux Algériens vivant en France (loi du 26 juillet 1957).
  19. Mars 1958 : Maurice Papon est nommé préfet à Paris, après avoir été préfet à Constantine où il marqua son passage par des répressions sanglantes.
  20. 26 mars 1958 : importante opération de police en région parisienne. Officiellement : 4000 interpellations et 400 arrestations.
  21. 13 mai 1958 : manifestation à Alger en faveur de l’Algérie française (création du Comité de salut public dirigé par le général Massu). Sa conséquence immédiate est de permettre le retour au pouvoir de de Gaulle.
  22. 24 août 1958 : le F.L.N. ouvre un "second front" en métropole et lance une campagne d’attentats.
  23. 19 septembre 1958 : formation du Gouvernement Provisoire de la République Algérienne.
  24. 8 octobre 1958 : ordonnance autorisant l’internement administratif ou l’assignation à résidence des "personnes dangereuses pour la sécurité publique, en raison de l’aide matérielle, directe ou indirecte, qu’elles apportent aux rebelles des départements algériens". Ce texte légalise la pratique des "interrogatoires poussés".
  25. 9 janvier 1959 : Michel Debré est nommé Premier ministre.
  26. Été 1959 : parution du livre La gangrène témoignant des tortures subies par des étudiants algériens détenus dans les locaux de la D.S.T. en décembre 1958.
  27. Août 1959 : par décision préfectorale, une force de police auxiliaire (les "harkis de la préfecture") est mise en place dans certains quartiers parisiens.
  28. 16 septembre 1959 : un discours de de Gaulle annonce la politique d’autodétermination en Algérie.
  29. Fin 1959 : nombreux enlèvements de militants du F.L.N. ou d’Algériens anonymes, retrouvés noyés ou exécutés.
  30. 24 janvier-1er février 1960 : "semaine des barricades" pendant laquelle la population algéroise tente de faire basculer l’armée dans un nouveau 13 mai.
  31. 11 avril 1960 : communiqué de la Fédération de France du F.L.N. annonçant l’adoption d’une "attitude adéquate" face aux harkis.
  32. 8 janvier 1961 : référendum approuvant la politique d’autodétermination.
  33. Février 1961 : création de l’O.A.S.
  34. 2 et 3 avril 1961 : les harkis organisent la "ratonnade de la Goutte d’Or" : 127 blessés graves, 32 établissements saccagés et pillés. M. PAPON fait saisir Libération (édition du 5 avril) pour éviter la parution d’une enquête sur les exactions.
  35. 21-26 avril 1961 : tentative de putsch des généraux à Alger ; ils s’opposent à la politique algérienne de de Gaulle.
  36. 20 mai 1961 : ouverture des négociations d’Evian entre le gouvernement français et le Gouvernement Provisoire de la République Algérienne. L’Algérie serait indépendante.
  37. Juillet 1961 : les négociations achoppent temporairement sur la question de l’avenir du Sud algérien.
  38. 24-25 juillet 1961 : "la nuit sanglante de Metz" : un groupe de parachutistes s’attaque au quartier algérien de la ville.
  39. Été et automne 1961 : intensification de la répression et des assassinats à l’encontre des Algériens. Rafles massives (dans la nuit du 6 au 7 septembre, 643 Algériens sont internés au Centre d’Identification de Vincennes ; dans la nuit du 7 au 8, ils sont 630). Reprise des attentats du F.L.N. contre des policiers. De la fin août au début du mois d’octobre, onze policiers sont tués, dix-sept blessés. Edmond Michelet, garde des Sceaux, favorable aux négociations avec le F.L.N., est démis de ses fonctions : c’est un gage donné par de Gaulle aux partisans de la répression comme Michel Debré et Maurice Papon.
  40. 2 octobre 1961 : au cours d’une cérémonie à la mémoire d’un policier assassiné par le F.L.N., Maurice Papon déclare : "Pour un coup reçu, nous en porterons dix" ; il dit aussi aux policiers que, s’ils se sentent menacés, ils doivent tirer les premiers : "vous serez couverts " promet-il.
  41. 5 octobre 1961 : Maurice Papon instaure un couvre-feu s’appliquant aux seuls "Français musulmans d’Algérie".
  42. 7 octobre 1961 : directive de la direction du F.L.N. en Allemagne : les attaques contre la police doivent cesser.
  43. 17 et 18 octobre 1961 : manifestation pacifique des Algériens à Paris. La répression fait plusieurs centaines de morts. Un crime d’État.
  44. Novembre 1961 : le journal Vérité-Liberté animé par P. Vidal-Naquet, P. Thibaud et J. Panijel, qui publie des témoignages directs sur les massacres, est saisi par M. Papon.
  45. Fin 1961 : le livre Ratonnades à Paris de Paulette Péju, publié aux Éditions F. Maspero, est saisi par la police.
  46. 8 février 1962 : manifestation anti-O.A.S. à Paris : la police assassine neuf manifestants au métro Charonne.
  47. 18 mars 1962 : signature des accords d’Evian, négociés par le G.P.R.A. et la France instaurant un cessez-le-feu pour le lendemain 19 mars 1962.
  48. 19 mars 1962 : Cessez le feu officiel en Algérie, même si comme dans tout conflit, il y a des "bavures".
  49. 26 mars 1962 : fusillade de la Rue d’Isly. la troupe française réplique aux tirs de membres de l’OAS à l’occasion de la manifestation refusant les accords d’Evian.
  50. 1er juillet 1962 : référendum en Algérie : les accords sont adoptés à la quasi-unanimité des votants.
  51. 3 juillet 1962 : reconnaissance officielle de l’indépendance de l’Algérie.
  52. 5 juillet 1962 : enlèvements et exécutions de "pieds-noirs" à la suite des provocations OAS contre les troupes Algériennes à Oran.
  53. Juillet 1962 : début d’enlèvements et exécutions de harkis en Algérie.
  54. Octobre 1962 : première projection du film Octobre à Paris de J. Panijel. Le film est saisi par la police.
  55. Mai 1968 : le film Octobre à Paris est projeté au Quartier Latin par des militants d’extrême gauche.
  56. 17 octobre 1968 : le 17 octobre devient, en Algérie, la Journée nationale de l’émigration.
  57. 1970 : grève de la faim du cinéaste R. Vautier pour la levée de la censure qui frappe encore le film Octobre à Paris.
  58. 1972-1973 : P. Vidal-Naquet rappelle les massacres des 17 et 18 octobre 1961 dans son livre La torture dans la République et dans le film de Harris et Sédouy "Français, si vous saviez".
  59. 1978 : M. Papon est nommé ministre par le gouvernement Raymond Barre de Valéry Giscard d’Estaing.
  60. 17 octobre 1980 : Libération consacre plusieurs pages, rédigées par G. Mattéi et J-L. Péninnou, aux massacres des 17 et 18 octobre 1961. Le dossier s’intitule : "Il y a 19 ans : un massacre raciste à Paris". Les Nouvelles Littéraires titrent : "Cela s’est vraiment passé à Paris, il y a 19 ans."
  61. 17 octobre 1981 : Libération publie à nouveau trois pages sur les événements. Le Monde y consacre un article. Au journal télévisé du soir, M. Trillat et G. Mattéi présentent les événements du 17 octobre. C’est la première fois qu’ils sont évoqués à la télévision.
  62. 1984 : parution du roman de D. Daeninckx "Meurtres pour mémoire".
  63. 1985 : parution du livre de M. Lévine Les ratonnades d’octobre.
  64. 17 octobre 1985 : Rassemblement à l’initiative de SOS-Racisme au pont de la Tournelle.
  65. 19 juillet 1986 : publication dans Le Monde d’un article de M. Winock intitulé "Nuits d’horreur et de honte".
  66. 1988 : parution du livre de M. Papon Les chevaux du pouvoir. Il maintient et défend sa version mensongère des événements.
  67. 17 octobre 1990 : Radio Beur organise une émission sur les journées des 17 et 18 octobre. Rassemblement, à l’appel du Mouvement des Beurs civiques, d’environ 200 personnes au métro Charonne pour commémorer le massacre d’octobre 1961.
  68. 1991 : parution du livre de J-L. Einaudi La bataille de Paris et de l’ouvrage d’Anne Tristan Le silence du fleuve (conçu par l’association Au nom de la mémoire). Documentaire de Mehdi Lallaoui sur les événements.
  69. 17 octobre 1991 : manifestation à Paris à l’appel du M.R.A.P., de la L.D.H. et de SOS-Racisme.
  70. 1992 : réalisation du documentaire Une journée portée disparue diffusé à la télévision en Grande-Bretagne, puis en France. Depuis 1992, un rassemblement a lieu tous les ans à Saint-Michel à l’initiative du M.R.A.P., de la L.D.H. et de SOS-Racisme.
  71. Octobre 1997 : témoignage de J-L. Einaudi devant la Cour d’Assise de Bordeaux lors du procès de M. Papon.
  72. Janvier 1998 : le président de section au Conseil d’État Dieudonné Mandelkern rend son rapport sur les archives de police relatives à la manifestation organisée par le F.L.N. le 17 octobre 1961.
  73. Février 1999 : procès de M. Papon contre J-L. Einaudi. Jugement rendu le 26 mars 1999. "Le tribunal considère (…) que le bénéfice de la bonne foi peut être accordé" à J-L. Einaudi. Le tribunal déboute "la partie civile Maurice Papon de ses demandes", "rejette la demande de dommages-intérêts formée" par ce dernier et reconnaît surtout que la répression policière du 17 octobre 1961 peut être qualifiée de massacre.
  74. Mai 1999 : déclaration du Premier ministre Lionel Jospin favorable à l’accès aux archives portant sur les événements d’octobre 1961.
  75. Octobre 1999 : parution du livre de J-P. Brunet Police contre F.L.N. écrit à partir des archives de la Préfecture de Police de Paris auxquelles J-L. Einaudi s’est vu refusé l’accès.
  76. 19 octobre 1999 : parution dans le journal Libération de l’appel lancé par Sidi Mohammed Barkat, Olivier Le Cour Grandmaison et Olivier Revault d’Allonnes pour la reconnaissance du crime contre l’humanité commis par l’État en octobre 1961 et pour la création d’un lieu du souvenir à la mémoire de ceux qui furent assassinés.
  77. 21 octobre 2000 : Colloque organisé à l’Assemblée nationale sur les massacre d’octobre 1961 par l’association " 17 octobre 1961 contre l’oubli ".
  78. Décembre 2000 : Jean-Luc Einaudi est autorisé à consulter les archives de la police.
  79. Septembre 2001 : Parution de Le 17 octobre 1961, un crime d’État à Paris.
  80. Octobre 2001 : 40e anniversaire des massacres d’octobre 1961 ; à Paris comme en province, une multitude d’inititiatives : de nombreux livres paraissent ; plusieurs expositions sont organisées ; le Forum des Images et l’association 17 octobre 1961 contre l’oubli organisent une semaine de projections de films autour du 17 octobre 1961 suivies de débats, ainsi qu’une exposition de photographies d’Elie Kagan ; des chaînes de télévision diffusent des documentaires sur octobre 1961 ; le conseil municipal de Paris fait poser une plaque au pont Saint-Michel "A la mémoire des nombreux Algériens tués lors de la répression sanglante de la manifestation pacifique du 17 octobre 1961" (la droite municipale et les élus du MDC se sont opposés très vigoureusement à l’initiative du maire) ; à l’Assemblée nationale, une intervention d’un député communiste au sujet d’octobre 1961 est bruyamment interrompue à plusieurs reprises par des élus de la droite.
  81. 8 février 2007 : inauguration de la place du 8 Février 1962 au Métro Charonne à Paris, par le Maire.

A ce jour, l’Assemblée nationale et le Sénat n’ont toujours pas reconnu la réalité et la nature des crimes perpétrés en octobre 1961 et février 1962 par l’État ; la question de l’ouverture des archives est au point mort, comme celle des manuels scolaires.

P.S. :

Aujourd’hui, le révisionnisme historique autour ce cette Guerre d’Algérie trouve un appui gouvernemental sans précédent.

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Chronologie
- le 4 novembre 2011

Je vous signale la réédition de l’ouvrage : " Les ratonnades d’octobre". Par Michel Levine
Editions Jean-Claude Gawsewitch 2011.

En octobre 1961. A Paris, en pleine guerre d’Algérie, Maurice Papon, préfet de police et chef de la répression, instaure un couvre-feu pour les Algériens, citoyens français de seconde zone : chasse au faciès, interpellations systématiques, bouclages de quartiers, etc. Les conditions de vie deviennent infernales pour des milliers d’hommes et de femmes.
En protestation contre ces mesures qui rappellent l’occupation nazie, le F.L.N. organise le 17 octobre une manifestation pacifique. Aussitôt, Papon "chauffe ses troupes". La machine à tuer est en marche…On retrouvera des centaines de cadavres dans la Seine.
Le crime commis, c’est le grand silence de la part des autorités et des médias, un mutisme absolu qui durera longtemps. Pour la première fois, on dévoile ce qui était ignoré de l’historiographie officielle ou soigneusement refoulé. L’auteur s’est livré à une véritable enquête, interrogeant victimes, avocats, témoins.
Michel Levine revient sur cette période tragique de l’Histoire à l’occasion du 50e anniversaire des évènements d’octobre 1961.

Michel Levine est historien des Droits de l’Homme. Il a notamment publié chez Fayard Affaires non classées (Archives inédites de la Ligue des Droits de l’Homme).



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