A l’occasion du 17 octobre, un regard sur la politique actuelle
En ce jour anniversaire, de ce crime d’état commis le 17 octobre 1961, sous la responsabilité du sinistre Maurice Papon (qui n’aura jamais eu à y répondre), où des centaines d’Algériens ont été jetés à la Seine par les agents de police, notre indignation reste aussi vive. Ce crime n’a jamais été officiellement reconnu comme tel, ni condamné.
Depuis 2002 on assiste à une volonté de faire admettre le colonialisme comme une phase historique positive pour les "indigènes".
La loi du 23 février 2005, reste un tournant majeur pour tenter de faire accréditer cette idée dans l’opinion publique. Certes, sous la pression des organisations, des historiens, un alinéa de l’article 4 a été retiré, mais cette loi reste profondément dangereuse. Elle contient par exemple les dispositions qui ont permis aux activistes de l’OAS d’être indemnisés, largement pour certains, au détriment de ceux qui restent condamnés, non réhabilités pour s’être opposés aux Guerres coloniales (en particulier celle d’Algérie), contre la torture… dispositions qui ont déjà été mises en œuvre. Le 19 octobre 2010, une nouvelle phase de cette loi va entrer en vigueur : La Fondation pour la Mémoire de la Guerre d’Algérie".
Cette étape mérite une réaction. Les 3 organisations qui ont été retenues : Le Souvenir Français, Les Gueules Cassées et la Fondation Maginot, sont sous la coupe directe de l’Armée. C’est un budget de 7,2 millions d’euros qui est ainsi dégagé, alors que le budget des Anciens combattants est revu, pour 2011, à la baisse. La caution scientifique "historique" reviendrait au Général Maurice Faivre. Ce général se prétend historien spécialiste de la Guerre d’Algérie. Il est vrai qu’il était officier, œuvrant pendant cette période sombre. Mais il est quand même le seul historien contestant la présence de caves où l’on torturait à la Villa Susini. Il a participé activement à la réalisation du Livre blanc de l’Armée, avec son ami le Général Schmitt. Il a réalisé un livre "Le renseignement dans la Guerre d’Algérie" pour justifier l’action de l’Armée qui était "obligée" d’utiliser la torture pour obtenir "le renseignement". Les 2 principales associations d’Anciens Combattants, l’ARAC et la FNACA en sont exclues. Autant dire que l’on ne peut qu’être très inquiet sur le résultat des travaux de cette Fondation. Les historiens reconnus pour leurs travaux sérieux sur la Guerre d’Algérie sont unanimes pour dénoncer cette mascarade, et les moyens qui lui sont donnés alors que les organismes publics de recherche sont en grande difficulté, en particulier dans ce domaine.
Le 22 octobre prochain, doit avoir lieu l’inauguration officielle d’une stèle à l’effigie du colonel Pierre Château-Jobert à Pau, au pied du mât des couleurs de l’ancienne place des agrès de l’ETAP, la Caserne des Paras. C’est sur cette place que se rassemblent, chaque matin depuis cinquante ans les aspirants au brevet militaire de parachutiste. Comment ce Colonel pourrait être un exemple à donner aux nouvelles recrues de l’Armée Française en formation. Lui qui :
se solidarise avec les officiers qui, le 22 avril 1961, autour du général Challe, ont saisi le commandement à Alger, ce qui lui vaut plusieurs mois d’arrêts de forteresse à l’occasion de ce putsch qui tenta de renverser la République Française.
déserte en janvier 1962 pour rejoindre le commandement de l’OAS dans l’est algérien.
est condamné à mort par contumace en 1965 et ne rentrera en France de son exil qu’en 1968, après la première amnistie.
Mais ces faits d’actualité ne sont pas des accidents de parcours. On assiste depuis un certain temps à une convergence avec une partie de plus en plus importante de l’UMP au côté des FN, FNJ, Bloc Identitaire, pour appuyer les revendications de nostalgiques de l’Algérie Française, de l’OAS.
Le film "Hors la Loi" en est une démonstration récente. A Cannes, lors du festival, le Maire UMP s’affichait aux côtés des Elus régionaux du Front National, comme à Marseille, un maire Adjoint UMP de Jean-Claude Gaudin soutenait la manifestation qui voulait contester la sortie de ce film de fiction, inspiré du colonialisme,sur la Guerre d’Algérie…
Ce qui est sans doute le plus significatif c’est le rôle de VRP joué par Hubert Falco, Secrétaire d’Etat aux Anciens Combattants, mais aussi Maire de Toulon, depuis qu’il exerce ces fonctions. La liste de ses interventions (ou laissers-faire complices) est significative :
Le 5 décembre 2009, il annonce la publication sur la colonne centrale du mémorial du Quai Branly à Paris de victimes de "La Rue d’Isly d’Alger du 26 mars 1962" dédié aux "morts pour la France" pendant les conflits de la Guerre d’Algérie, du Maroc et de la Tunisie. Il retiendra 48 noms de manifestant qui étaient venus, à l’invitation de l’OAS, contester le cessez le feu. L’OAS porte une très lourde responsabilité : ce sont des membres de ses commandos qui ont ouvert le feu sur les forces de l’ordre, et très certainement aussi fait des victimes parmi les manifestants. Monsieur Falco les assimile donc à des "morts pour la France" alors qu’ils sont morts POUR l’OAS, CONTRE la France, mais c’est l’application d’une promesse faite par le Candidat Sarkozy à l’élection présidentielle de 2007.
Le 31 janvier 2010, il ne voit rien à dire quand est organisée dans sa ville une manifestation pour commémorer le 50ème anniversaire des barricades d’Alger de janvier 1960 qui ont fait une vingtaine de morts parmi les gardes mobiles. Ces barricades avaient été levées par ceux qui allaient s’organiser dans ce qui allait devenir l’OAS.
Le 26 mars 2010, il déléguait son chef de cabinet pour dévoiler officiellement ces 48 noms. C’est la première fois qu’un représentant Officiel participe à une telle manifestation. Jusqu’à maintenant, seulement depuis quelques années quelques maires de droite, essentiellement, souvent UMP, se hasardaient à donner à ces cérémonies un caractère officiel.
Le 19 mai 2010, son absence fut très remarquée au ravivage de la flamme du Soldat inconnu à l’Arc de Triomphe de Paris. C’est la date retenue chaque année pour commémorer TOUS les anciens combattants "morts pour la France" commémoration organisée par l’ensemble des associations d’Anciens Combattants. C’est aussi la première fois de l’Histoire qu’un ministre des Anciens combattants est absent de cette cérémonie. Il craignait sans doute des réactions à sa décision appliquée le 26 mars précédent.
Le 28 Août, un hommage était rendu, dans sa ville au Général Salan, l’un de ces putschistes d’Avril 1961 qui voulaient renverser la République. Il n’était pas présent, mais il avait délégué l’une de ces Maire-Adjointe pour le représenter.
Le week-end dernier, se déroulait à Dijon le congrès de la plus importante Fédération d’Anciens Combattants de la Guerre d’Algérie, Le Secrétaire d’Etat aux anciens Combattants brillait de nouveau par son absence. C’était aussi une première depuis la création de la FNACA !!! Comment aurait-il pu se justifier face à la dégradation du Budget dont il est responsable (alors qu’il trouve des millions d’euros pour organiser le révisionnisme historique sur cette période), au non respect des engagements pris, au soutien aux nostalgiques de l’Algérie Française…
On voit bien qu’il ne s’agit pas de faits isolés, mais d’une véritable politique bien construite, avec des objectifs clairs de remettre en cause les valeurs républicaines, de construire une ré-écriture de l’histoire du colonialisme, en particulier algérien, de cette Guerre…
Il est pourtant urgent de reconnaître, et de les condamner, tous ces crimes contre l’Humanité commis au nom de la France : la torture, les "corvées de bois", les "crevettes Bigeard", les viols, les villages rasés au napalm… Il ne suffit pas de dire que la France est le Pays des Droits de l’Homme, mais il faut le mettre en application.
Pour 2011, pour le 50ème anniversaire de ce crime d’état qu’est le 17 octobre 1961, il va falloir monter d’un cran la réaction pour obtenir enfin gain de cause.
C’est l’impératif d’aujourd’hui, pour sceller une réelle amitié entre les peuples Français et Algériens, tourner une page douloureuse, dans la dignité. Vive l’Amitié entre les Peuple Français et Algériens.
Le colonialisme est un acte total qui doit être condamné. Aujourd’hui, au lieu de s’ouvrir sur notre histoire commune nous faisons le contraire ce qui, à coup sûr engendrera de nouveaux drames. A quand, allons nous comprendre qu’il faut aller de l’avant pour construire une véritable mémoire partagée et non amputée ! Stop au révisionnisme en cours depuis quelques années... .
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